Chroniques (toujours plus) imprévues en Terre inconnue, épisode 51

Hi guys ! Merry Christmas!

4h du matin, la nuit de Noël, en train d'écrire le 51ème épisode...
Décidément, le voyage n'a pas guéri mes bizarreries! Oui, je sais, la
nuit c'est fait pour dormir (non pour écrire) ; et on ne se lève pas à
cette heure ci quand on n'est pas chez soi, dans son lit, on ne vaque
pas à ses occupations chez quelqu'un qu'on ne connaît presque pas
(Toute une histoire... Je vous expliquerai plus tard). Mais... Après
tout, qui l'a dit? "Ca ne se fait pas", seulement si tu y crois. Je ne
fais pas de bruit... Et je fais ce que je veux ! C'est Noël après
tout.

Noël... Déjà... Bientôt 2018... Que le temps passe vite! ... Avant de
sombrer dans la nostalgie, les regrets, je ne sais quoi, reprenons
depuis la dernière fois.
Concernant mon arrivée, je vous avais dit "Tout ira", et (Dieu soit
loué) je ne vous avais pas menti. Ils sont un peu stricts à la douane
sur les produits "importés", en particulier les produits frais (&
encore, ce n'est rien de le dire! Sur certains points, ça frise le
comique!), aussi m'ont-ils quelque peu ennuyée (questionnaire, sac
vidé, passage de sécurité supplémentaire...) pour trois concombres
qu'il me restait... Mais c'est passé, et RIEN concernant le billet !
Le billet de sortie du territoire, vous vous rappelez? Celui pour
lequel j'ai tant bataillé? RIEN. Un p'tit tour au guichet -
automatique, même pas une personne en face de moi  : réponse à trois
questions, présentation du passeport... Et puis s'en va! Pas
d'problème de VISA, un p'tit tour et Hop!, me voilà.
Et ça se poursuit ainsi, aussi facilement que dans une comptine pour
enfants. Dans l'avion, j'ai discuté avec Cameron, 20 ans, qui rentre
au pays après deux ans de voyage en Europe et Asie. Il me demande où
je vais... Et me propose de me déposer! C'est sa mère qui vient le
chercher, et je reste bouche bée de son hospitalité : avant de
retrouver Cindy dans l'auberge dans laquelle elle m'attendait, j'ai
même droit à la douche et au café! Je vous avais dit que ça irait...
En plus de ça, j'ai reçu un message de la pâtisserie de Canberra :
c'est ok, ils sont intéressés... Yihaaaaa! Donc, définitivement :
après les kiwis, attention à vous, les kangourous! Reste plus qu'à
voir si le VISA est accepté, mais... J'ai fait la demande, et c'est
très très rare qu'il ne soit pas accordé, alors... Dans mon idée,
c'est comme si c'était déjà fait!

On passe les deux jours suivants à Auckland sans en voir grand chose :
Nord, Sud ; Couchsurfing, Workaway – ou pas ; par ci, par là ; & le
téléphone & la carte bancaire... On essaie de s'organiser, en priorité
; et de régler de nombreuses formalités, en particulier sur le plan
financier. Cindy m'avait dit "Je te prends sous mon aile", elle avait
oublié de préciser que quelques plumes y manquaient... Parfois, c'est
plus compliqué que "prévu" – même si au fond, je n'avais rien prévu.
Je ne savais pas, mais j'y ai cru (à quoi?), je suis venue. Maintenant
il faut "organiser" : se concilier, concrétiser les idées. Bref. Entre
deux interrogations, propositions, récréminations, on voit quand même
la Sky Tower, le Parc Albert, l'embarcadère et les p'tites ruelles du
centre-ville... J'ai le temps de traîner, retrouver une amie (une
ancienne des compagnons qui est venue là s'installer!) pour un café,
bouquiner, et je m'offre même une glace, pour fêter ça! Fêter quoi? Le
fait d'être là, simplement. Juste moi, toujours là après trois mois
loin de mes proches, un presque-visa dans la poche.

... Mais assez vite... Ça ne me va plus. Deux, trois jours, c'est OK ;
plus... Faut pas exagérer. J'ai l'impression de tourner en rond, de
perdre mon temps : à trop chercher la meilleure solution, tout ce
qu'on fait c'est "néant". Tu poses des questions et tu attends. Et tu
réfléchis. Poses une autre question à une autre personne et attends
que ton téléphone sonne. Compares, étudies. Bref... Tu subis, c'est
pas une vie! Donc on change nos plans – du moins, on en établit un
nouveau, provisoire,  et comme on va le voir... Mouvant. Direction
Rotarua, puis Taupo, le parc National je-ne-sais-plus-quoi, et après
on verra ; mais surtout... Le tout sans se soucier d'HelpX, workaway
ou quoi que ce soit (différents systèmes de volontariat) : VA-CAN-CES
! Oui, la Nouvelle-Zélande, c'est cher. Oui, on va dépenser en un mois
peut-être davantage que si on était restées six en Thaïlande ou par
là-bas... Et après?! En Australie, je travaillerai, j'économiserai.
For now... Il est temps d'en profiter !

Bon, ça, c'était pour la théorie. En pratique, c'est un peu plus
compliqué. Pour changer... On passe des heures à comparer ce qu'on
veut faire et les différents tours opérateurs. On trouve tout très
cher et presque similaire – mais pas complètement : on lit une tonne
de dépliants en écoutant les commentaires pour essayer de s'y
retrouver. Et au final, on reproduit ce qu'on voulait éviter en
partant : on passe plus de temps à prévoir qu'à sentir, toucher, voir!
Exemple : Poireauter une heure au guichet puis tourner toute la
matinée pour attraper le bus qui nous emmène devant le parc dans
lequel finalement on ne va pas entrer. Raaaa. Oui aussi, le guichet,
parce qu'en fait on n'en a pas fini avec les formalités : Cindy n'a
toujours pas récupéré sa carte bancaire, et elle n'arrive pas à
recevoir le transfert (type Western Union, un envoi d'argent, par delà
les continents, les océans, qui permet de récupérer du liquide
"facilement" dans les cas urgents) envoyé par sa mère. Quant à moi...
Hôtel, visa, billet d'avion, j'ai dépassé le plafond ! Et Noël, les
vacances et le décalage horaire ; bref, la moitié des bureaux qui ne
sont pas ouverts. Donc, clairement... PLUS UN ROND ! Sérieusement, je
savais que ce ne serait pas "tout rose" en la suivant, mais je ne
pensais pas en arriver là. À me demander : si demain la banque est
fermée, ou que ma banquière ne réagit pas... On fait quoi? On dort où,
on mange quoi? Et il pleut et il fait froid, et j'ai le sentiment que
plus ça va, plus je m'éloigne. Géographiquement, c'est évident, mais
c'est pas ça qu'est important ; surtout de moi, de ce que j'étais
venue chercher et développer. Méditation, yoga, le sens de ma vie,
tout ça... Où j'en suis? Qu'est-ce que j'ai fait dans cette direction,
est-ce qu'on peut vraiment appeler mon trajet une progression? ... Mon
moral est à l'image du ciel : nuageux, gris et froid. Mais
d'ailleurs... C'est aussi le climat qui fait ça, je crois. Vous
pourrez dire ce que vous voulez, je ne suis pas faite pour ça. Les
maladies orphelines, ça vous parle? Bah voilà, je suis un cas très
rare de photo-dépendance : si je n'ai pas ma dose de soleil & de
chaleur... je meurs! Heureusement, quelques rayons, j'ai un petit
sursaut de motivation : on fait un tour au marché, je trempe les pieds
(et je les y laisse un bon moment!) dans les bains d'eaux chaudes à
proximité (Rotorua est une ville thermale et volcanique) ; plus tard,
on va aussi se balader au bord du lac & dans un village traditionnel
maori (gratuit, contrairement aux autres, à l'intérieur des sites
volcaniques, qui proposent spectacles et activités... Si on y met le
prix)... Bref, même si on n'a plus les fonds, on ne touche pas le fond
!☺ On repense aux workaway, à l'argent que l'on peut changer ; on
finit la journée sur une note d'espoir, en se disant que de toute
façon, on trouvera bien une solution.

Et le lendemain matin... Nos voeux sont exaucés, tout est arrangé !
Mes plafonds ont été relevés, Cindy récupère ses billets. Yihaaaa,
Alléluia! On réserve une excursion pour la journée. On commence par
l'éruption du Lady Knox Geyser, tous les jours à 10h15 – parce qu'ils
"l'excitent" avec du savon. On apprend qu'à l'origine, les
prisonniers, après l'avoir découvert, s'en servaient pour se laver...
Et faire leur laverie. Comme les explications sont en anglais, quand
elle verse le savon dedans, avec son panier, je crois qu'elle fait ça
aussi – et qu'on va voir le linge jaillir à la sortie. Quand je
comprends mon erreur... Je ris. Vive mon anglais de frenchy! Puis
direction Wai-O-Tapu Thermal Wonderland (= La merveille thermale de
Wai-O-Tapu). Terrasses de silice, chutes d'eau, caves, lacs,
cratères... C'est très beau, parfois même spectaculaire ; mais il y a
du monde – à mon goût, beaucoup trop. Balade finie, lunch quickly, et
c'est reparti. Dernier arrêt, la réserve naturelle de Waimangu. Balade
supposément guidée... Par un dépliant papier. Mais anyway, c'est ENFIN
ce que j'attendais. Des lacs, des falaises, des fleurs, des
sentiers... Et tout le calme qu'il faut pour l'apprécier. Je me sens à
nouveau centrée, connectée. Enfin. Merci.

Le temps de rentrer, presque seize heures. On attend la réponse de
couch-surfeurs... Et on est recontactées par un des premiers workaway
auxquels on avait postulé. Il s'agit juste d'aider un peu à la maison,
le chat, le poulet, l'enfant... Mais c'est près d'Auckland, et jusqu'à
présent, on ne pouvait pas y retourner car on n'avait pas l'argent.
Sauf que là... Elle propose carrément de nous payer le billet. Et ils
aiment cuisiner, ils sont végé et zéro-déchet... Et le bus part à
16h!!! Pas le temps d'hésiter, on court et on saute dedans! Donc oui :
re-changement de plan. Y'a-t-il jamais vraiment eu un plan? On arrive
3h plus tard, ils nous attendent à la gare. Leur petit, Maurice (non
non, ce n'est pas que je me rappelle pas : il s'appelle vraiment comme
ça... Madre mia, les parents ont des idées, parfois!), refuse de
monter dans la voiture. La mère nous apprend qu'ils partent le
lendemain, en fait on va faire du gardiennage. Et en fait ils sont en
banlieue, pas à Auckland même. Et ils ont déjà mangé. Et le petit,
toujours, qui crie et finalement... vomis. Youhou, bienvenue! J'me
demande c'que j'fous là, si j'ai bien fait ou pas. J'aurais pu aussi
être à Taupo, un saut en parachute comme cadeau! D'un autre côté... Je
pourrais le faire plus tard. Et en attendant, ils ne seront pas là, on
aura une maison & la liberté... Je n'sais pas quoi penser. Je regarde
Cindy – qui ne dit rien, pour changer ; du moins, rien de ses
ressentis, de ses pensées ; je me demande si elle a toujours avec elle
un aimant à plans foireux ou si parfois, c'est mieux. Quand finalement
on arrive... C'est un bordel pas possible. On va dormir sur le canapé.
Toujours sans avoir mangé, Cindy attaque la vaisselle. ... Joyeux
Noël! On se met à table avec un couple de français (ils sont là
jusqu'au 27, pour faire ce qu'on va faire après) ; ils font avec des
amis une "contre-soirée". Ils avaient dit quoi dans l'annonce déjà :
on a envie de... Partager? Oui, je crois bien que c'était ça...
Heureusement, les français sont là... Et sympas! 23h30, canapé pas
déplié et sans les draps mais tant pis, trop fatiguée, je vais me
coucher. 2H30, j'ai froid. Et voilà comment je me retrouve là. Dans
une maison que je ne connais pas, alors que tout le monde dort sauf
moi, à prendre une douche, un café, écrire cet épisode là. Et
heureusement que j'ai ça : l'écriture. Je finis par me recoucher, vers
6h30. Quand tout le monde se lève, tout le monde fait ses trucs de son
côté. Je n'ai qu'une envie : qu'ils se cassent, vite !!! Je sais,
c'est chez eux, pas chez moi, mais tant qu'ils sont là, je me sens
étouffée. 10H15, enfin, ils "débarrassent le plancher". Avec le pain,
les fruits, le riz, les saucisses, Maurice... Et tout leur bordel,
tout leur bruit. Le silence se fait, le soleil se met à briller.
Merci.

Pour la suite? ... On verra. Vraiment, je n'en sais strictement rien,
cette fois. J'ai discuté avec Cindy, j'essaie d'éclaircir où moi, j'en
suis. Ce dont j'ai envie, ou pas. Donc, pour cet après-midi, ce sera
pâtisserie (quand même, faut bien fêter Noël!), lecture, dégustation
de pain (maison, tout frais de ce matin), chocolats (offerts par les
voisins) & biscuits (sablés à la cannelle faits par Sophie), et
après... on verra après. Chaque chose en son temps, on n'est pas
encore au nouvel an.

Et, rapport à vos réactions à l'épisode précédent, je voulais vous
dire... Merci. Et aussi : Ne vous faites pas de souci. Malgré les
intempéries, je ne regrette pas d'être ici. Parfois plus ardu, certes,
mais... Le chemin continue.

Joyeux Noël à tous, et... À l'année prochaine, probablement! See you, guys!

Lol'Âm'Albatros, en recherche de sa place.